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Jelenski : La cargaison clandestine

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Jelenski : La cargaison clandestine


Constantin Jelenski : La cargaison clandestine d’un navire corsaire , dans la revue Cahiers de l’Est, été 1976.

Extraits :



Dans la silhouette de la Pologne archaïque que la lanterne magique de Gombrowicz projette sur l’écran de l’Argentine, on identifie en effet sans peine la forme du chef-d’œuvre de la poésie polonaise : ici et là, on fait des chasses à courre où l’on traque le lièvre avec des lévriers, on engage des duels manqués à la suite d’interminables procès, on envahit à main armée une maison de campagne et les deux ouvrages se terminent par un grand bal — de « réconciliation nationale » chez Mickiewicz, de dérision hilare chez Gombrowicz. Et pourtant, personne n’a jusqu’à présent percé un dessein de Gombrowicz plus profond, d’une ambition qui frôle le délire. Trans-Atlantique devait non seulement parodier Pan Tadeusz, mais il était destiné à effacer le poème de Mickiewicz et à le remplacer en faisant tourner à rebours la roue de l’histoire. Tel un conjuré, Gombrowicz voulait remonter le cours du temps perdu, kidnapper l’enfant de Mickiewicz et lui substituer son propre petit monstre. Trans-Atlantique n’est ni plus ni moins que le chef-d’œuvre potentiel vers lequel, selon Gombrowicz, aurait tendu le Baroque Sarmate, ce bizarre mélange de rhétorique et de crudité à la charnière du XVIIe et du XVIIIe siècles où les Polonais trouvèrent leur mode d’expression sans doute le plus authentique. Si la littérature polonaise l’avorta, ce chef-d’œuvre, c’est qu’au lieu de l’enfant déchaîné et bizarre qui aurait dû conduire enfin les Polonais vers la réalité et la beauté vitale, c’est Pan Tadeusz qui vint au monde et les trompa de nouveau par les mirages d’une beauté conventionnelle et « honnête ». En recréant cet avorton du Baroque Sarmate, Gombrowicz destinait Trans-Atlantique à devenir le messie tardif de la littérature polonaise, bricolé de toutes pièces dans une éprouvette du XXe siècle. [...]
Tout est clair à présent. Le chef-d’œuvre qui manque à la littérature polonaise doit parler la langue du Baroque Sarmate ; il doit pousser jusqu’à ses ultimes conséquences la bouffonnerie de l’époque saxonne ; il doit être « assaisonné » à l’huile de Péchés et de Hontes ». Le but ultime de cette opération étant de remplacer la « Patrie » de l’ordre et de la tradition par la « Filistrie » de la subversion et du devenir. II faut enfin enlever le mors au cheval de la jeunesse : « que le poulain prenne le mors aux dents, qu’il emporte son Père ! » Ici, battement de tambours, fanfare de trompettes : Pan Tadeusz est mort, vive Trans-Atlantique ! Tra - ta - te -tu ! Tra - ta - ta - ti ! Le rythme du titre (en polonais, Pan - Ta - dé -usz : Trans - A - tlan - tyk), l’allitération autour du T et des A relèvent du même chiffre secret.