« Plus ma sagesse est grande, plus ma sottise
Est terrible... »
Comme pour ses autres œuvres, Witold Gombrowicz a donné lui-même le résumé du Mariage. Sa présentation du drame se trouve dans Testament. Entretiens avec Dominique de Roux :
Acte I
Henri voit surgir en songe sa maison natale en Pologne, ses parents, sa fiancée Margot. La maison s’est avilie, la voici transformée en taverne. Margot est serveuse, bonne à tout faire. Le père est aubergiste.
Le père est poursuivi par des ivrognes. C’est alors la scène clé : pour défendre sa dignité humaine face aux ivrognes qui l’attaquent, le père clame qu’il est « intouchable ». « Intouchable - comme un roi ! » ricanent les ivrognes.
Et Henri rend hommage à son père, et le père, lui, se mue en roi. Et non seulement le père-roi élève Henri à la dignité princière, mais il lui promet, en outre, de par son pouvoir royal, un mariage digne, religieux, qui restituera à Margot, fille d’auberge, sa pureté et son intégrité d’antan... [...]
Acte II
Au deuxième acte, se déroulent les préparatifs de ce mariage « digne et secret » que doit célébrer un évêque. Mais dans le rêve d’Henri commencent à s’infiltrer des doutes. Toute cette cérémonie commence à vaciller, commence à être menacée par la Bêtise - comme si lui, Henri, aspirant de toute son âme, à la sagesse, à la dignité, à la pureté, manquait de confiance en soi et en son rêve...
L’ivrogne en chef pénètre à nouveau dans la salle, soûl comme une bourrique ! Henri et l’ivrogne sont sur le point d’en venir aux mains, quand tout à coup (comme cela arrive dans les rêves) la scène se métamorphose en une réception à la cour. L’ivrogne est devenu l’ambassadeur d’une puissance hostile, il incite Henri à la trahison. [...]
Henri cède aux insistances de l’ivrogne. Il détrône le père-roi. Il devient roi lui-même.
Suit alors une scène dans laquelle l’ivrogne demande à Jeannot, l’ami d’Henri, de tenir une fleur au-dessus de la tête de Margot, puis brusquement il subtilise la fleur, les laissant dans une attitude fausse que nulle fleur ne justifie plus. Et une terrible conjecture se forme dans l’esprit d’Henri, que Margot... et Jeannot... [...]
Acte III
Au troisième acte, Henri est dictateur, il a dompté tout le monde, y compris ses parents. Et aussitôt la cérémonie du mariage se prépare, mais d’un mariage sans Dieu, sans autre sanction que celle de son pouvoir absolu.
Il sent toutefois que son pouvoir n’aura pas de réalité tant qu’il ne sera pas confirmé par quelqu’un qui fasse volontairement le sacrifice de son sang. Voilà pourquoi il pousse Jeannot à se tuer volontairement pour lui. [...]
Dans la dernière scène, Jeannot se tue. Mais Henri lâche pied, il recule horrifié devant son acte.
Le mariage ne se fera pas.